Auto-hébergement : la route n'est pas si longue

J'ai commencé à auto-héberger quelques services il y a quelques années et c'est une aventure bien amusante. Maintenant que je travaille en tant que devops/sysadmin, je vais expliquer dans cet article ce qu'est l'auto-hébergement, ses avantages, ses inconvénients et comment faire pour améliorer l'état de l'art.

Qu'est-ce que l'auto-hébergement ?

Le véritable sens est d'héberger des services tels que ses emails, son site web, ou un agrégateur de flux RSS sur un ordinateur se trouvant chez soi. J'encourage plutôt à gérer ses propres services hébergés sur un serveur d'un hébergeur professionnel. Ça pourrait s'appeler de l'autogestion (je fais appel aux personnes de la communauté pour trouver un terme correct, vu que l'auto-hébergement chez un prestataire, ce n'est plus littéralement de l'auto-hébergement). En effet, s'auto-héberger chez un hébergeur est déjà un exercice difficile, mais pour l'auto-hébergement chez soi il y a encore plus de contraintes qui s'ajoutent.

Catégories de services en cloud computing

Je vais d'abord commencer par un rappel des services proposés par des prestataires. Il existe trois principaux niveaux :

  1. SaaS (Software as a Service) : Le logiciel vous est fourni et est tout de suite fonctionnel. Par exemple wordpress.com permet de créer et gérer son blog sans jamais s'occuper de l'installation du logiciel.
  2. PaaS (Platform as a Service) : Une plateforme préinstallée vous est fournie. Par exemple, ça pourrait être le Simple Hosting de Gandi, c'est-à-dire un serveur mutualisé sur lequel les logiciels comme PHP et MySQL sont déjà installés. Vous devez téléverser les fichiers Wordpress sur le serveur pour installer le blog, puis vous pourrez créer et gérer votre blog.
  3. IaaS (Infrastracture as a Service) : Seul un accès à une machine vous est fourni. Vous devez vous-même installer les logiciels, par exemple PHP et MySQL, puis téléverser Wordpress pour l'installer, puis vous pourrez créer et gérer votre blog.

Chaque niveau de service a ses avantages et inconvénients. Plus on monte en niveau (le plus haut niveau étant le SaaS), plus c'est facile à utiliser, mais c'est souvent plus cher et on a moins de contrôle sur son fonctionnement. Plus on descend en niveau (le plus bas niveau étant le IaaS), plus on maîtrise le fonctionnement de service et c'est souvent moins cher, mais c'est souvent chronophage et plus difficile à gérer.

On peut donc commencer à parler d'auto-hébergement à partir du niveau PaaS et en-dessous car on peut choisir quel logiciel installer. Si on a le contrôle sur ce logiciel, on peut dire que l'on maîtrise son fonctionnement et que l'on a donc sa responsabilité. Même si c'est plus compliqué en détails.

Différences entre l'auto-hébergement chez soi et chez un hébergeur

Comme je vous ai listé les niveaux de services cloud ci-dessus, on pourrait dire qu'héberger chez soi ses propres services est un niveau encore en dessous du IaaS, si on peut se permettre la comparaison même si ce n'est plus du cloud, puisqu'il faut en plus gérer le matériel.

L'avantage de l'auto-hébergement chez soi, c'est d'avoir le contrôle sur absolument tout le fonctionnement des services alors que dans le cas de l'auto-hébergement chez un prestataire, on délègue la gestion du matériel et/ou du logiciel (selon si on choisit un IaaS ou un PaaS) à un prestataire pour nous faciliter la gestion du serveur.

Je résume en reprenant l'exemple de Wordpress :

Les inconvénients de l'auto-hébergement

Je vais continuer tout de suite sur les inconvénients de l'auto-hébergement, ça me permettra de terminer mon article plus positivement avec les avantages et les solutions possibles. Je vais tout d'abord lister les problèmes qui se posent dans tous les cas en auto-hébergement, puis je vais lister les problèmes qui s'ajoutent lorsqu'on s'auto-héberge chez soi :

Auto-hébergement chez soi

Si vous souhaitez en plus héberger les services sur votre propre serveur chez vous, vous avez encore ces trois principales contraintes à prendre en compte :

Les avantages de l'auto-hébergement

Après avoir listé toutes ces contraintes, il y a tout de même des avantages à l'auto-hébergement, sinon on en entendrait pas parler.

Comment réduire les inconvénients

Comme je vous ai déjà fait déprimer avec tous les inconvénients, je vais maintenant vous proposer des solutions pour réduire ces inconvénients.

Le souci aujourd'hui avec l'auto-hébergement

L'auto-hébergement est souvent recommandé dans les milieux du logiciel libre et de l'Open Source pour notamment reprendre le contrôle sur ses données personnelles. Cependant, c'est facile à dire mais difficile à faire car il faut soit avoir la forte conviction que le contrôle sur ses données personnelles est important, mais cette conviction n'est partagée que par une minorité, soit il faut avoir une base technique minimum permettant d'au moins comprendre les documentations des services à mettre en place.

L'auto-hébergement est actuellement toujours réservé aux initiés mais il est aussi compliqué à maintenir quotidiennement. En effet, on omet souvent le coût de la maintenance. C'est-à-dire que quelles que soient les compétences de chacun, maintenir des services en fonctionnement demande du temps, et selon les priorités de chacun, ce temps peut ne pas être disponible.

J'ai cherché dans cet article à faire une présentation objective, terre-à-terre, à destination des néophytes d'une part et d'autre part rappeler les technophiles que l'auto-hébergement est sur la bonne voie, mais ce n'est toujours pas ça. Avec des initiatives comme Cozy Cloud et Yunohost, il est en effet beaucoup plus facile de s'autohéberger, mais ça reste accessible seulement à ceux qui n'ont pas peur de la ligne de commande. Donc il ne faut pas s'arrêter dans la démocratisation des outils.

Il y a notamment deux points pour lesquels il n'y a pas encore de bonnes solutions : les sauvegardes de données et la sécurité du serveur. Le risque en encourageant des amateurs à s'auto-héberger sans un minimum de formation c'est qu'ils peuvent voir un jour leurs données disparaître ou retrouver leurs systèmes informatiques compromis par une personne malveillante. On pourrait me rétorquer que ces problèmes de sauvegardes et de sécurité ne concerne pas seulement ceux qui s'auto-hébergent mais tout le monde avec son ordinateur personnel, mais en toute objectivité, les services comme Gmail, Dropbox et autres sont plutôt très bons pour assurer sur ces deux points et ainsi soulager les utilisateurs de ce fardeau.

Conclusion

Tout d'abord pour rendre l'auto-hébergement plus accessible, nous pouvons encourager l'existant, c'est-à-dire des initiatives comme Indie Web, Yunohost, Cozy Cloud et "Dégooglisons Internet" si ce n'est pas encore fait. Ensuite, nous avons aujourd'hui de formidables possibilités pour nous faciliter la vie (comme Docker et Ansible) et il faudrait que l'on élève encore nos compétences dans la mise en place et la gestion de services afin de :

  1. Proposer une qualité de service comparable à des grandes entreprises au niveau associatif
  2. Faciliter et augmenter la qualité de service de l'auto-hébergement pour les plus motivés

De cette manière, les non-initiés auront un plus large choix que seulement les GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft) pour profiter de services Internet et héberger leurs données, et pour les technophiles ce sera moins consommateur de temps et moins de prises de tête pour s'auto-héberger.

Voici mon conseil à ceux qui souhaitent avoir leurs propres services : Regroupez-vous avec des amis ou payez une association (comme un CHATONS) en laquelle vous faites confiance pour vous fournir vos services car l'union fait la force (et le temps c'est de l'argent). Si vous êtes plusieurs à vous occuper des services, vous pourrez vous partager les tâches et faire le travail à tour de rôle.

Finalement, ce que je décris dans ma conclusion, c'est exactement ce que fait Framasoft en hébergeant des services accessibles au public, en expliquant comment le faire soi-même et en encourageant des associations à proposer aussi leurs propres services. Pour ma part je vais prendre le rôle du colibri en continuant d'écrire d'autres articles sur le sujet qui vous aideront, j'espère, à mettre en place vos propres services plus facilement.

Mots-clés : auto-hebergement, open source, framasoft, C.H.A.T.O.N.S

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